Chapitre 13

Le soir n’était pas encore tombé quand la meute de loups suivit par un mélange divers de fennecs, coyote et lynx en armes franchirent le grand porche d’entrée d’Artep. Fleck, Flibuste et Fenhrir avaient argumenté de concert pour convaincre Mirette de se reposer et de voir un médecin avant de les rejoindre quand la situation serait stabilisée. Flibuste avait rameuté les chacals et les dromadaires, deux groupes de puissants guerriers, qui avaient rejoint le convoi. La meute disparate avançait à marche forcée dans les longs couloirs de terre rouge pour arriver au plus tôt à la frontière des royaumes, et au palais des loups. Ils ne savaient pas ce qu’ils y trouveraient, les fidèles du roi actuel massacrés ou une prise de pouvoir sans violence ? Leur premier espoir était que la frontière ne soit ni gardée ni fermée par des partisans de Varini. Il fallait faire vite. Instinctivement et sans se concerter les deux dirigeants accélérèrent encore le pas et arrivèrent à l’entrée du désert alors que le soleil baissait sur l’horizon. Ils passèrent au pas de course, certains reprenant le mode à quatre pattes pour tenir le rythme. Jamais Fleck n’avait traversé le désert aussi rapidement. La sueur collait les poils aux habits, les armes tintaient dans le silence des dunes. Arrivés aux abords de la frontière, la tension dans l’air se fit plus forte que la fatigue, et pourtant la troupe réussit à garder le silence et à s’organiser sans bruit. En quelques minutes les fennecs avaient fait le tour des postes de garde, et les loups avaient flairé tous les alentours sans sentir les odeurs de leurs compatriotes. Rassuré, l’ensemble des troupes fut autorisé à se rafraichir à la rivière tandis que des éclaireurs partaient devant pour préparer l’étape suivante. Moins d’une heure plus tard, ils étaient revenus avec des nouvelles rassurantes, la route pour le palais semblait libre. Comme il ne fallait pas que quiconque puisse croire que les fennecs attaquaient le pays, les troupes de Fenhrir allaient devant, celles de Fleck suivaient, les dromadaires, réhabilités, furent laissés pour garder la frontière. La lune qui éclairait le chemin fut bientôt cachée par les nuages qui firent tomber une faible pluie sur la route, surprenant les animaux du désert, peu habitués, alors que la meute de loups progressait sans se rendre compte de rien, à l’aise sur les chemins de terre qui devenaient boueux. Heureusement cela ne dura pas et ils arrivèrent en vue du palais de la forêt après quelques heures de marche supplémentaires. Toute la fatigue accumulée s’effaça à la vue des hautes murailles. Fenhrir envoya quelques loups s’approcher à la recherche d’informations, odeurs ou indices quelconques. Flibuste regardait les remparts avec intérêt. Il avait souvent entendu parler de cette forteresse, et il frémissait d’envie de les franchir. L’éclaireur revint rapidement. Rien pour l’heure n’indiquait que quiconque se soit emparé du trône.

— Je suis chez moi, je vais rentrer par la grand-porte avec mes troupes. Fleck, vous m’accompagnez, vous êtes mes invités. Et si besoin nous nous battrons.

Flibuste pris Fleck à part.

— Ça sent le piège à pleine truffe.

— Je suis d’accord avec toi, mais nous ne pouvons pas faire grand-chose. Tu vas rester monter la garde ici, s’il y a quoi que ce soit je t’enverrai un messager.

— Entendu, sois prudent.

Fenhrir appela Fleck à ses côtés. Ils essayèrent de se rendre présentables. Les habits froissés, les bottes boueuses, les armes visibles, tout indiquait qu’ils avaient progressé à marche forcée dans un but loin d’être pacifiques. Derrière eux se positionna environ la moitié de la troupe.

— Bien, allons-y. Tous en ordre et dans le calme. Nous rentrons chez nous, avec nos invités. Rien de plus.

Fenhrir avait parlé de sa voix puissante, et tous emboitèrent le pas des deux souverains. La progression vers le château fut calme, les hommes de gardes saluèrent le roi en ne laissant rien voir de leur surprise. Les troupes avaient reçu l’ordre de fouiller le château, et les groupes se dispersèrent dans le calme pour vérifier tous les couloirs et toutes les salles au fur et à mesure de la progression. Arrivés enfin au cœur du château, ils furent accueillis par celui qui assurait l’intérim en l’absence de Fenhrir. Visiblement réveillé en plein sommeil, il était habillé sobrement d’un peignoir de nuit, les lunettes sur le museau, et les poils tout ébouriffés.

— Majesté, que se passe-t-il ? C’est le milieu de la nuit, rien n’est prêt ici. Oh ! vous êtes accompagné…

Il ne savait clairement pas où se mettre.

— Silence. Où se trouve Varini ?

— Varini ? Je ne sais pas, je ne l’ai pas revu depuis que vous l’avez envoyé en exil.

Un long silence suivit cette déclaration, silence rompu par le capitaine des loups qui vint annoncer que tout le château était libre et absent de toute invasion.

— Nous nous sommes trompé quelque part dit Fleck en parlant à Fenhrir. Si c’est bien Varini qui est derrière tout ça, pourquoi n’est-il pas ici ?

— Et où est-il ?

La suite c’est ici !

By 4 December 2022.  No Comments on Chapitre 13  Désert   

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