La tente installée le long de la Palantine grouillait de monde et de bruit. L’ambiance n’aurait pas pu être plus opposée que six mois auparavant, quand les deux peuples s’étaient déjà rencontrés, au même endroit. Pollor et Visiral devisaient comme de vieux amis, tout en préparant la cérémonie. Chacun avait revêtu ses plus beaux atours. Un ensemble assez étrange de loups, félins, rongeurs… discutaient en attendant le début des festivités. Les dromadaires aussi étaient là, les bosses pleines et revêtues de mille couleurs. Ils bombaient le torse. Après les évènements du mois dernier, Fleck avait reconnu publiquement leur valeur. Leur aide inestimable avait été récompensée, ils étaient officiellement nommés comme les responsables du commerce entre les deux pays, et donc du bon approvisionnement d’Artep. Au milieu de cette agitation, Chacha, habillé pour l’occasion, s’était perché au-dessus de la tente. « Ils arrivent !! » cria-t-il, et la foule se tut.
Mirette resplendissait. Elle portait une robe magnifique, mêlant des arabesques de brun et de vert, les couleurs de ses deux pays. Les boucles d’oreilles chargeaient son oreille droite la faisant retomber comme à son habitude, et laissant fièrement dressé le plumeau blanc de son autre oreille. À ses côtés Fleck, tout habillé de blanc et de doré, souriait de toutes ses dents. Ils mirent longtemps à traverser la foule, s’arrêtant pour parler à chacun, avant d’arriver enfin à l’entrée de la tente où Fenhrir et Flibuste les attendaient en discutant.
— Où est le traitre ? demanda Flibuste.
— Au fond de la plus profonde geôle de mon palais. Je ne tente plus l’exil, répondit Fenhrir en arborant un grand sourire carnassier.
Fleck monta sur l’estrade et prit la parole face à la foule, Mirette à son bras.
— Il y a six mois, je n’aurais pu imaginer me retrouver ici, aussi heureux. Je sais que certains d’entre vous s’interrogent. Alors, sachez tous que j’épouse de mon plein gré cette belle féline. Sachez aussi qu’elle a, bien involontairement, passé l’épreuve ancestrale et survécu à quatre jours dans le désert. Sans eau, et sans aide. Alors elle est digne d’être votre reine. Et j’espère être digne d’être son époux.
Sans attendre la fin des acclamations de la foule, ils entrèrent tous deux sous la tente, suivis de leurs parents. L’écureuil qui les attendait, chauffa sa voix puis entama la cérémonie qui allait relier les deux pays, et clôturer une guerre. Les triples rongeurs commencèrent à écrire pour que personne n’oublie jamais la naissance de cette alliance.
The End !