Mirette sentait le sang coller ses poils. Elle se balançait sur l’épaule de quelqu’un. Elle ouvrit avec difficulté un œil, l’autre semblait ne pas répondre. Elle comprit rapidement qu’elle était dans un sac. Elle se réveillait lentement, et en même temps qu’elle, sa colère et son corps douloureux. Mirette se força à ne pas bouger pour ne pas faire comprendre à ses kidnappeurs qu’elle était de retour. Elle se concentra sur les bruits environnants. Les assaillants semblaient être au moins deux, engagés dans une grande conversation. Une tempête de sable arrivait sur eux. L’un voulait se mettre à l’abri, l’autre finir la route sans tarder. Que la tempête soit sur eux plus rapidement que prévu, ou bien que le premier ait eu gain de cause, en tout cas, Mirette se retrouva, toujours dans son sac, jeté sur le sol, les pattes entravées par une corde. Elle fit semblant de dormir encore quand le sac s’ouvrit. Elle sentit l’air se rafraichir brutalement, et des grains de sable venir jusqu’à sa truffe. À travers son œil entrouvert, elle vit que ses geôliers étaient absorbés par le spectacle à l’extérieur de leur cachette.
Elle se décida à faire ce qu’elle répugnait, et se mit à ronger ses cordes à pleines dents. Il ne lui fallut pas longtemps pour se libérer. Elle réfléchit à leur sauter dessus, puis se reprit. Quelle importance, la vengeance viendrait après. Fleck ne laisserait pas un tel crime impuni. Son cœur se serra en pensant au fennec, il ne savait peut-être même pas qu’elle avait été enlevée. Depuis combien de temps était-elle inconsciente ? Elle revint à la réalité, il n’y aurait sans doute pas d’autre opportunité. Le vent soufflait fort à l’extérieur, elle banda ses muscles et sortit du sac en un bond. Un deuxième saut l’amena au bord de la pierre qui les protégeait tous de la tempête, puis elle fut dehors. Le vent la frappa si fort qu’elle faillit tomber, elle se campa sur ses quatre pattes et se mit à avancer en baissant les oreilles, son œil à demi-fermé. Elle entendit vaguement au milieu du sable qui claquait ses assaillants l’appeler. Bas sur ses pattes, elle avança face au vent. Elle comprit au bout de quelques mètres qu’elle ne pourrait aller bien loin, avisa une pierre qui dépassait encore du sable et se mit en boule dessous, non sans avoir mis son vêtement en protection autour de sa tête. Elle ne savait même pas si quiconque pouvait survivre dans le désert par un jour de tempête de sable. Sa dernière pensée avant de perdre conscience fut pour sa mère, qui aurait dû lui apprendre tout ça.
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