Category: Livre

De la magie et du talent …

ROCAILLE

de Pauline Sidre

J’ai découvert Projets Sillex (https://projets-sillex.com/ ) via leurs appel à texte en 2020, qui m’a redonné l’envie et la motivation d’écrire. Conséquence logique, j’ai regardé ce qui était édité chez eux et j’ai flashé sur Rocaille de Pauline Sidre.

Voici le 4e de couverture alléchant …

Gésill est mort, et il le serait resté si les Funestrelles, des bandits de la pire espèce, ne l’avaient pas ramené à la vie pour l’inciter à reprendre le trône. En quête de son assassin et d’un sens à sa non-vie, il devra partir à la recherche du dernier représentant des Magistres, des êtres mythiques autrefois persécutés et exterminés par son aïeul. C’est le début d’un périple qui changera à jamais la Rocaille.

Quant à la première phrase du résumé : Gésill ne dort plus depuis qu’il est mort. Elle a fini de me convaincre !

Pour faire court, je n’ai pas été déçue.

Pour faire un peu plus long … Le livre est un enchevêtrement de plusieurs fils de vie en particulier celui de Gésil, roi défunt revenu à la vie et celui de Luèlde, dernier magistre encore en vie qui doit apprendre seul à contrôler sa magie. Le tout dans un univers où chaque jour apporte son lot de désagréments climatique : grêle, froid, pluie, vent, glace … se relayent pour faire de la Rocaille un pays où il ne fait pas bon vivre. En plus du climat délétère, la faim et la désolation règnent. L’endroit parfait pour une vie sereine et paisible donc …

Pauline Sidre peint au fur et à mesure, par petites touches, l’ensemble de ce monde. Elle nous emmène tranquillement, sans en avoir l’air. Chaque personnage se révèle au fil du temps, de son passé, de ses questionnements et des choix qu’il doit faire pour le futur : le sien, et celui des autres.  Cerise sur le gâteau, les personnages secondaires ne sont pas oubliés et se révèlent parfois d’une importance cruciale.

Quand on se retourne au deux-tiers du livre, on se rend compte du chemin parcouru, de la densité des personnages, de la complexité du pays de Rocaille et de l’écriture fine qui nous y a emmenée. Alors on se prend à espérer que le dernier tiers soit plus long, on ralentit la lecture pour en profiter un peu plus longtemps, mais les évènements s’enchainent sans laisser de répit jusqu’au final tant attendu.

En résumé …

L’écriture est délicate et puissante, elle prend au cœur et aux tripes. Si vous aimez les livres que l’on ne peut pas lâcher, foncez visiter la Rocaille ! Moi je vais voir si il n’y a pas d’autres livres de l’autrice …

Trilogie Martienne

J’ai décidé il y a quelque temps de relire certains livres que j’avais lus (bien) plus jeune, à l’adolescence. Voici donc pour démarrer cette catégorie “livre” quelques remarques (qui n’engagent que moi) sur un (très jeune) livre : la trilogie de Kim Stanley Robinson/Mars la rouge — Mars la verte — Mars la bleue (1992 – 1996).

Ce livre est considéré comme un classique de la littérature de la SF, la 4e de couverture (la légende ?) dit qu’il a fallu à l’auteur dix-sept années de recherches dans divers domaines (économie, physique, botanique…) pour écrire la trilogie, et il est vrai que tout est très fouillé, détaillé, précis et de fait, réaliste.

Dans mon souvenir, ces livres étaient déjà vieux quand je les ai lus alors qu’en fait… je les ai lus quasiment quand ils ont été traduits (comme quoi la mémoire…).

L’autre souvenir plus important, c’est que j’avais aimé cette histoire. Il y avait de l’action, et j’avais bien en tête toute l’évolution, du rouge au vert (le sable de mars à la verdure), du vert au bleu (la verdure à l’océan), et les implications scientifiques sous-jacentes. Et donc, après avoir relu et bien la conclusion c’est : ne faites pas confiance à votre mémoire (ou en tout cas à la mienne) !

En effet, le rythme est lent, parfois très lent, avec assez peu d’actions et une multitude de personnages. On se concentre surtout sur les 100 premiers arrivés sur Mars, et leur descendance, sur le temps long. D’ailleurs on passe parfois dix ans en deux pages. Ainsi la majorité des trois livres se concentrent sur la géographie et la faune/flore de mars, ainsi que sur la gestion politique, les échanges, les poids, les attaques plus souvent en parole ou en acte. C’est très intéressant, très « adulte », et assez passionnant avec le recul (mais ça ressemble assez eu à mon souvenir). On y voit la création de partis politiques, la motivation “pure” des débuts, ceux qui s’y plaisent et nagent allégrement, et ceux qui finalement s’en éloignent.

Il y a aussi des recherches énormes sur la réalité de la géographie de Mars et les images des sondes et des Rovers (cf. article « mars » à venir) sont impressionnantes de réalisme avec ce livre (ou inversement). Il y a une résonance assez étrange.

Comme je l’ai dit, c’est donc très long, il y a énormément (énormément) de description. Le détail des roches, le détail des plantes, le détail des couleurs… Il y a aussi beaucoup de personnages différents, dont on explore les questionnements et les humeurs. D’ailleurs pas sure que ça serait passé de nos jours en première édition…

Un autre point qui a mal vieilli à mon sens c’est le patriarcat/matriarcat, la vision de la société, et l’absence assez criante des thèmes du réchauffement climatique, assez peu évoqués ou du moins pas tout à fait bien mis en place (une inondation majeure est quand même présente). La surpopulation qui se maintient (jusqu’à 20 milliards d’habitants) n’est pas non plus cohérente avec les trajectoires actuelles. Certains personnages sont manichéens, et ne progressent pas malgré l’âge. Quand on voit les évolutions entre 20 et 50 ans, le fait que les caractères restent assez figés jusqu’à 200 ans est un peu étrange.

Au contraire, d’autres points font écho avec l’actualité, en particulier la place des très grandes sociétés (multinationales) qui prennent le pas sur les nations et qui peuvent par elle-même décider d’un certain nombre de choses (envoyer des vaisseaux, faire pencher une guerre d’un côté ou de l’autre…).

En résumé ..

Ca a été un peu dur de le lire en entier, même si je lis vite, la trilogie est particulièrement lente et longue. Pourtant j’en garde la même sensation agréable qu’à l’adolescence, celle d’avoir visité un monde et rencontré des gens qui continuent à vivre quelque part.

Et surtout la conclusion, c’est : ne faites pas confiance à votre mémoire (et si vous avez lu le livre, vous ne pouvez pas être contre cette conclusion 😊)