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Trilogie Martienne

J’ai décidé il y a quelque temps de relire certains livres que j’avais lus (bien) plus jeune, à l’adolescence. Voici donc pour démarrer cette catégorie “livre” quelques remarques (qui n’engagent que moi) sur un (très jeune) livre : la trilogie de Kim Stanley Robinson/Mars la rouge — Mars la verte — Mars la bleue (1992 – 1996).

Ce livre est considéré comme un classique de la littérature de la SF, la 4e de couverture (la légende ?) dit qu’il a fallu à l’auteur dix-sept années de recherches dans divers domaines (économie, physique, botanique…) pour écrire la trilogie, et il est vrai que tout est très fouillé, détaillé, précis et de fait, réaliste.

Dans mon souvenir, ces livres étaient déjà vieux quand je les ai lus alors qu’en fait… je les ai lus quasiment quand ils ont été traduits (comme quoi la mémoire…).

L’autre souvenir plus important, c’est que j’avais aimé cette histoire. Il y avait de l’action, et j’avais bien en tête toute l’évolution, du rouge au vert (le sable de mars à la verdure), du vert au bleu (la verdure à l’océan), et les implications scientifiques sous-jacentes. Et donc, après avoir relu et bien la conclusion c’est : ne faites pas confiance à votre mémoire (ou en tout cas à la mienne) !

En effet, le rythme est lent, parfois très lent, avec assez peu d’actions et une multitude de personnages. On se concentre surtout sur les 100 premiers arrivés sur Mars, et leur descendance, sur le temps long. D’ailleurs on passe parfois dix ans en deux pages. Ainsi la majorité des trois livres se concentrent sur la géographie et la faune/flore de mars, ainsi que sur la gestion politique, les échanges, les poids, les attaques plus souvent en parole ou en acte. C’est très intéressant, très « adulte », et assez passionnant avec le recul (mais ça ressemble assez eu à mon souvenir). On y voit la création de partis politiques, la motivation “pure” des débuts, ceux qui s’y plaisent et nagent allégrement, et ceux qui finalement s’en éloignent.

Il y a aussi des recherches énormes sur la réalité de la géographie de Mars et les images des sondes et des Rovers (cf. article « mars » à venir) sont impressionnantes de réalisme avec ce livre (ou inversement). Il y a une résonance assez étrange.

Comme je l’ai dit, c’est donc très long, il y a énormément (énormément) de description. Le détail des roches, le détail des plantes, le détail des couleurs… Il y a aussi beaucoup de personnages différents, dont on explore les questionnements et les humeurs. D’ailleurs pas sure que ça serait passé de nos jours en première édition…

Un autre point qui a mal vieilli à mon sens c’est le patriarcat/matriarcat, la vision de la société, et l’absence assez criante des thèmes du réchauffement climatique, assez peu évoqués ou du moins pas tout à fait bien mis en place (une inondation majeure est quand même présente). La surpopulation qui se maintient (jusqu’à 20 milliards d’habitants) n’est pas non plus cohérente avec les trajectoires actuelles. Certains personnages sont manichéens, et ne progressent pas malgré l’âge. Quand on voit les évolutions entre 20 et 50 ans, le fait que les caractères restent assez figés jusqu’à 200 ans est un peu étrange.

Au contraire, d’autres points font écho avec l’actualité, en particulier la place des très grandes sociétés (multinationales) qui prennent le pas sur les nations et qui peuvent par elle-même décider d’un certain nombre de choses (envoyer des vaisseaux, faire pencher une guerre d’un côté ou de l’autre…).

En résumé ..

Ca a été un peu dur de le lire en entier, même si je lis vite, la trilogie est particulièrement lente et longue. Pourtant j’en garde la même sensation agréable qu’à l’adolescence, celle d’avoir visité un monde et rencontré des gens qui continuent à vivre quelque part.

Et surtout la conclusion, c’est : ne faites pas confiance à votre mémoire (et si vous avez lu le livre, vous ne pouvez pas être contre cette conclusion 😊)